ENTREVUE AVEC LE CRÉATEUR D’OBEY CLOTHING SHEPARD FAIREY
ENTREVUE AVEC LE CRÉATEUR D’OBEY CLOTHING SHEPARD FAIREY
Continuez votre lecture pour en savoir plus sur Sheppard Fairey, son histoire, son parcours artistiques, sa visite à Montréal et le sens derrière certaines de ses pièces les plus emblématiques.
Tout d'abord, quel âge as-tu, d'où viens-tu et comment as-tu découvert le street art ? J'ai 52 ans. Je viens de Charleston, en Caroline du Sud, mais je vis à Los Angeles depuis 20 ans. Je me suis progressivement lancé dans le street art parce que je n'ai pas été exposé au graffiti avant d'être à l'université, mais j'ai été exposé au street art de groupes punk mettant en place des flyers et des marques de skateboard, faisant la promotion avec des autocollants et des pochoirs pendant mon adolescence. L'été après ma première année d'école d'art, j'ai fait un autocollant d'André le Géant que j'ai décidé de mettre dans les rues pour m'amuser. Je suis rapidement devenu plus ambitieux et j'ai commencé à mettre des pochoirs et des affiches plus grandes en suivant un schéma de placement similaire à celui des graffitis, mais avec des images plus graphiques. Peux-tu nous expliquer brièvement ton parcours artistique ? J'ai toujours dessiné et peint, mais quand je me suis lancé dans le skateboard et le punk rock en 1984, je me suis intéressé à la sérigraphie et au pochoir pour faire des t-shirts et des autocollants faits maison. Plus tard, mes illustrations, sérigraphies, pochoirs et collages convergeraient. Dans la vingtaine, j'ai commencé à être un artiste de rue et un artiste graphique parce que je pensais que le monde des beaux-arts était trop étroit et élitiste. J'ai toujours aimé créer des pièces multimédias plus raffinées et j'ai finalement trouvé un équilibre entre un art graphique accessible, le street art et les beaux-arts.
Tu es un skateboarder et as fait beaucoup de tes premiers morceaux sur des planches de skateboard. Qu'est-ce que tu aimes dans le skate et skates-tu encore aujourd'hui ? Le skateboard a changé ma vie parce que c'était la première chose que j'ai faite qui était amusante, libératrice et créative, à la fois au niveau de l'activité en tant que telle et de la culture. Le skateboard m'a aussi appris à regarder l'utilisation créative du paysage, qui s'applique très bien au street art. Je ne skate pas autant qu'avant parce que je suis tellement occupé par des obligations artistiques, mais je suis toujours la culture du skateboard et je suis inspiré par son incroyable progression. C'est un fait connu qu'Obey existait bien avant de devenir la marque que nous connaissons aujourd'hui. Qu'est-ce qui t’as poussé à transformer ton art en une marque de vêtements officielle ? Parce que c'était plus intéressant que la marque non-officielle à laquelle personne n'avait prêté attention pendant les dix premières années. J'ai fait des t-shirts dès la première semaine où j'ai fait l'autocollant original d'Andre The Giant parce que les t-shirts étaient la monnaie visuelle de toutes les cultures qui me tenaient à cœur. J'ai aussi senti que les vêtements étaient beaucoup plus accessibles et moins intimidants que "l'art". Pour beaucoup de gens, la ligne Obey Clothing est leur première introduction au reste de ma pratique artistique.
Est-il vrai que la marque s'est inspirée du film They Live ? Si oui, qu'est-ce qui t’as inspiré exactement dans ce film? Je faisais des t-shirts avant de voir « They Live», mais l'utilisation du mot « obéir » dans mon art et pour la marque a été inspirée par le film. J'étais déjà fan de l'écriture de George Orwell et de l'art de Barbara Kruger, qui ont tous deux des similitudes philosophiques et stylistiques avec "They Live", alors quand j'ai vu l'utilisation du mot OBEY parmi tant d'autres dans le film, j'ai décidé de commencer l'incorporer dans mon travail pour inciter les gens à remettre en question l'obéissance. Il me faudrait un certain temps pour expliquer le film, mais je recommanderais aux gens de le voir après quoi je suis sûr qu'ils comprendront pourquoi j'aime le film et le pouvoir du mot OBEY. "Andre The Giant" était l'un des premiers personnages connus d'Obey. Quelle a été l'inspiration derrière ce personnage? Heureux accident disons ! J'enseignais à un ami comment faire un pochoir à l'été 1989 et j'ai trouvé une photo d'André le Géant dans le journal pour qu'il essaie de faire un pochoir. Il a commencé mais a abandonné le pochoir, que j'ai ensuite terminé et j'ai décidé de le transformer également en un autocollant qui serait une blague intérieure avec certains de mes amis skaters qui feraient partie du "groupe". Les gens sont devenus très curieux à propos des autocollants, et ils sont devenus un phénomène underground. Les diverses réactions à l'autocollant m'ont fait réfléchir à la psychologie des images en public et au contrôle de l'espace public. Ce qui a commencé comme une blague absurde s'est ensuite transformé en une expérience sociologique.
Ta pièce "Hope" de Barack Obama fait partie de tes œuvres les plus populaires à ce jour. Qu'est-ce qui t’as poussé à créer cette pièce ? Obama a été le premier homme politique dominant qui, selon moi, reflétait mes valeurs et avait l'opportunité d'infiltrer le système et de le changer pour le mieux. L'affiche Hope n'était pas une partie officielle de la campagne mais un outil d'activisme de base que j'ai créé et diffusé avec l'aide de nombreux amis et militants. Je n'avais aucune idée qu'il deviendrait aussi populaire, mais le téléchargement gratuit que j'ai mis sur mon site a permis à n'importe qui de l'utiliser et l'a aidé à devenir viral. Tu as participé à de nombreuses causes humanitaires à travers la marque Obey. Quelles sont les causes auxquelles tu es le plus fier d’avoir participé et pourquoi ? réalisé des projets sur le changement climatique, la justice raciale, la réforme de l'incarcération, l'accès à l'art et à la musique, les droits de l'homme, les secours en cas de catastrophe, etc. Je suis également fier de toutes ces initiatives car elles sont toutes importantes, mais Je pense que la collecte de fonds que nous avons faite pour soutenir les victimes du génocide au Darfour a probablement été l'une des initiatives les plus importantes et les plus réussies du point de vue des fonds que nous avons collectés et de l'aide apportée par le programme.
Près de 20 ans après ta dernière visite, tu seras de retour à Montréal cet été pour participer au très attendu Festival Mural. Qu'est-ce qui te rend le plus enthousiaste à l'idée de revenir dans cette belle ville ? Peindre des peintures murales à grande échelle est l'une de mes activités préférées car cela a un impact sur les gens qui ne vont pas dans les galeries ou les musées et qui ne savent peut-être même pas que j'ai une marque de vêtements. Les peintures murales changent le paysage d'une ville et déclenchent des conversations qui n'auraient pas lieu autrement. J'étais également très enthousiaste à l'idée de faire une exposition d'art montrant environ 100 pièces de mon travail à Station16, une galerie avec laquelle j'ai collaboré sur quelques autres projets. De plus, Montréal est une ville formidable à explorer. Je me suis aussi beaucoup amusé à mixer au Mural Festival. Nous avons entendu dire qu'en plus d'être un artiste prolifique et fondateur de marques, tu es également un DJ à plein temps. Qu'est-ce que tu aimes le plus dans le DJing ? Je suis un grand fan de la musique en tant que source de plaisir, outil de communication démocratique et excellent moyen de créer des liens avec les gens. le DJing est une opportunité pour moi de jouer de la musique que j'aime, de créer des liens avec le public et peut-être de livrer certaines de mes idées et références culturelles intégrées dans la musique.
Quels sont tes street artists préférés aujourd'hui et pourquoi ? Je suis un grand fan de Vhils parce que son processus et imagerie sur les murs est très beau et conceptuellement puissant. J'aime aussi la superposition et la complexité du travail de Swoon, ainsi que son activisme. À Montréal, je suis un grand fan de Sandra Chevrier, qui est plus connue comme une artiste de beaux-arts, mais avec qui j'ai collaboré sur une grande murale à Austin, au Texas, ainsi que de Kevin Lido, qui a plusieurs superbes murales à Montréal, mais avec qui j'ai travaillé plusieurs fois à Miami. Qu’est-ce que le futur de Shepard Fairey nous réserve? Quelque chose d'excitant à venir au niveau brand ou art ? Je suis très excité par la collaboration des Sex Pistols que nous venons de lancer avec Obey Clothing parce que les Sex Pistols ont été un groupe qui a changé ma vie. Les différents talents du groupe lui-même et leur équipe de gestion de la mode et de graphisme ont créé quelque chose de spécial et de puissant qui a changé la culture pour le mieux. Je travaille toujours sur de nouvelles images et idées pour la ligne de vêtements, et heureusement, j'ai une équipe incroyable qui m'aide avec les nombreux aspects de la ligne, y compris le cut and sew et diverses opportunités de collaboration avec des groupes, des marques, des artistes et des magasins. J'ai plusieurs expositions d'art à venir, notamment des expositions dans des musées à Séoul, en Corée du Sud, et à Dallas, au Texas, ainsi qu'une exposition personnelle à la fin de l'année à Munich, en Allemagne. Je peindrai des peintures murales dans les trois endroits.