ENTREVUE AVEC LE PHOTOGRAPHE VOLCOM DANIEL CABRAL

ENTREVUE AVEC LE PHOTOGRAPHE VOLCOM DANIEL CABRAL

Vous connaissez certainement Volcom, mais saviez-vous qui se cache derrière les incroyables images de skate et de snow de la marque? Aujourd'hui, nous creusons un peu plus loin que les produits et allons dans les coulisses avec l'un des principaux photographes de Volcom, Daniel Cabral.

Restez avec nous et continuez à faire défiler pour en savoir plus sur le photographe derrière l'une des marques les plus embématiques de notre industrie, comment il s'est retrouvé dans la position qu'il occupe actuellement, les voyages internationaux, ses riders préférés avec lesquels shooter, ses projets personnels et plus encore!

MAGASINEZ VOLCOM →

Salut Daniel! Pour commencer, quel âge as-tu et depuis combien de temps fais-tu des photos ? J'ai 34 ans et je prends des photos depuis probablement 20 ans plus ou moins quelques années. Comment as-tu été introduit à la photographie ? Je me souviens pour la première fois d'avoir eu des appareils photo jetables dans mon bas de Noël et d'avoir pris de terribles photos de mon frère en train de skater dans la ruelle. Quand j'avais 16 ans, j'ai obtenu un emploi dans un CVS en tant que caissier, emploi qui s'est rapidement transformé en travail dans le labo photo. À l'époque, c'était quand le film était encore populaire et nous avions l'habitude de développer entre 100 et 150 rouleaux par jour. J'ai fini par dépenser mon premier chèque de paie sur un appareil Nikon FM2, c'est à ce moment-là que j'ai vraiment commencé à m'y mettre. Je ne shootais pas tellement de skate au début, plus de images longues expositions et juste la vie autour de Providence, Rhode Island, l'endroit d'où je viens.

Quand et comment as-tu commencé à prendre des photos de manière professionnelle? Difficile à dire parce que je ne me suis jamais vraiment considéré comme un professionnel jusqu'à ce que je commence à être payé pour des photos il y a quelques années seulement via le magazine Thrasher. Après l'université, j'ai déménagé de Rhode Island en Californie avec l'intention de me trouver un travail avec un diplôme en marketing dans l'industrie du skate. Après 3 mois de recherche d'emploi en Californie, j'ai décroché un poste de saisie de commandes chez BakerBoys Distribution. C'est à peu près à cette époque que j'ai de nouveau acheté un appareil photo et que j'ai commencé à photographier des moments aléatoires au bureau pour les marques sous BakerBoys distribution. C'était toute une expérience d'être entouré de légendes comme Andrew Reynolds, Erik Ellington et Jim Greco, j'ai naturellement voulu une caméra pour documenter tout ce qui se passait. Mon poste est éventuellement devenu un poste de vente / marketing là-bas, à l'époque où Instagram et les médias sociaux ont commencé à être une plateforme pour les marques. C'est à ce moment que j'ai lancé les comptes Instagram pour Baker Skateboards, Deathwish Skateboards, Shake Junt et Brigada Eyewear. Ce qui est drole, c'est que la première fois que mes photos ont été imprimées, c'était pour une petite publicité de Shake Junt dans le numéro 46 de The Skateboard Mag (je pense). C'était en fait juste une capture d'écran de toutes ces photos que j'ai prises sur mon téléphone pour le compte Instagram de Shake Junt. C'est fou de penser que mes premières photos publiées ont été prises sur mon téléphone! La première fois que j'ai vraiment été payé pour des photos, c'était lors d'un voyage en bus de Montréal à Chicago il y a quelques années. Joe Hammeke (RIP), qui devait couvrir l'événement, commençait son travail de conducteur de camions dans les studios de production de films à Los Angeles et ne pouvait pas joindre le voyage comme prévu, donc par défaut, Mike Burnett de Thrasher, qui avait suffisamment confiance en moi, m'a fait photographier le voyage. C'est suite à ce trip que j'ai obtenu certaines de mes premiers photos éditoriales publiées dans le mag et un chèque avec ça! C'était probablement la première fois que je me sentais comme un photographe professionnel haha.

Comment es-tu devenu photographe pour Volcom? Un peu après le Deathwish Video, j'ai été licencié par BakerBoys, sans rancune ou quoi que ce soit, ils ont juste dû réduire leur budget et j'étais encore bas sur l'échelle de la compagnie. J'adore toujours la famille BakerBoys! Quoi qu'il en soit, à la même époque, Volcom faisait une collaboration avec Baker Skateboards, ce qui m'a permit de rencontrer Jake Smith et Remy Stratton de Volcom. Ils pensaient que j'étais le gars des médias sociaux, alors quand ils ont entendu que je cherchais un emploi, ils m'ont contacté pour remplir ce poste. Au début, je dirigeais l'Instagram @volcomskate et il n'avait que 15 000 abonnés à l'époque. C'était avant que les stories et les vidéos existent, à l'époque où Instagram était strictement des photos. Après avoir fait cela pendant quelques années, les tâches ont évolué et j'ai commencé à voyager pour couvrir les compétitions Wild in the Parks et quelques autres événements pour le gram, puis faire des photos «lifestyle» et «behind the scenes» et éventuellement, participer aux voyages de skate comme photographe à part entière.

Quels sont les points forts de shooter pour une compagnie comme Volcom? Le talent est ce que j'admire le plus, avoir accès à certains des skaters les plus emblématiques du monde comme Grant Taylor, Louie Lopez et Collin Provost est assurément ce qui me motive à continuer. C'est aussi satisfaisant de voir mes photos publiées dans les publicités, les vitrines des magasins, les lightboxes ect… ça en vaut vraiment la peine pour moi. Par exemple, j'ai vraiment aimé toutes les publications sur Instagram que vous avez faites avec mes photos pour les Volcom Team Vitals. Voir le produit final de mon travail dans son utilisation prévue est vraiment une source d'épanouissement pour moi. Donc je suppose qu'avoir Volcom comme plate-forme pour mon travail est au autre grand avantage. Les voyages sont certainement des avantages aussi, mais ils représentent aussi beaucoup de travail. La plupart du temps, j'essaie de trouver l'équilibre entre profiter de l'endroit où je me trouve et garder le voyage sur la bonne voie et productif.

Tu as beaucoup voyagé au fil des ans, quels sont tes pays préférés pour shooter et pourquoi? Sans vouloir paraître trop enthousiaste parce que vous m'interviewer, je n'ai jamais passé de mauvais moments au Canada! Nous sommes allés au Dime Glory Challenge il y a quelques années à Montréal et c'était l'ambiance la plus folle! Nous avons également traversé Ottawa et Toronto lors de ce voyage qui était cool aussi, j'ai vraiment apprécié l'ancienne architecture, ça m'a un peu rappelé l'endroit où j'ai grandi. Les chutes du Niagara sont également bien plus impressionnantes du côté canadien! Même sur la côte ouest, je suis allé à Vancouver plusieurs fois et le simple fait qu'on peut être en ville puis 20 minutes plus tard sur un sentier de randonnée épique est tellement fou. Tous les Canadiens avec qui j'ai eu affaire ont toujours été vraiment cool. L'Espagne était vraiment cool à découvrir aussi. Barcelone a une superbe architecture et culture et la culture est absolument primordiale pour les photos, sur et en dehors d'un skateboard. Pas tout le temps, mais quand je suis en voyage, que ce soit le dernier jour ou un jour de pluie ou quelque chose que j'aime sortir, il suffit de se promener et de prendre des photos. Lors des voyages de skate, on est tellement concentré sur la mission et restez avec le team équipage qu'on ne prend pas le temps de faire des activités touristiques. J'ai eu une journée à me promener à Barcelone et c'était vraiment cool à vivre. Volcom organise aussi une compétition à Bilbao, en Espagne, à La Kantera, un skatepark au bord de la plage. Cet endroit et Zarautz qui est une ville balnéaire du Pays basque du nord de l'Espagne était également épique! Ce n'est pas dans un autre pays, mais mon endroit préféré pour photographier en général est New York. J'ai grandi à skater là-bas et en regardant toutes les vidéos de 5boro, EST et Eastern Exposure donc ça aura toujours une place dans mon cœur. Il y a tellement de choses à photographier là-bas, c'est fou! Au-delà du skate, le caractère qui se dégage de toutes les différentes parties de la ville et de ses habitants est si spécial pour moi. Bon ou mauvais j'aime vraiment tout de New York.

As-tu un rider préféré avec qui photographier? Tous les riders de Volcom ont des caractéristiques différentes que j'aime, donc ça dépend. Grant Taylor est évidemment l'un de mes favoris pour prendre des photos de skate, vraiment difficile de prendre une mauvaise photo de GT. Louie Lopez est toujours super professionnel, quand je lui arrive avec un: "J'ai besoin d'une photo pour une pub", Louie s'en occupe rapidement et facilement. Axel Cruysberghs et Alec Majerus sont toujours très doués pour photographier des images Lifestyle, ce qui peut être difficile pour certains skaters, car ça peut impliquer de porter des vêtements qu'ils ne portent pas normalement. Certains le font naturellement, ce qui contribue à améliorer les photos et bon pour le besoins de la marque.

Selon ton compte Instagram, tu photographie également beaucoup de snowboard. Quelle est la plus grande différence entre une mission photo de snowboard et une mission de skate? En fait, j'ai commencé à photographier le snowboard la saison dernière, par hasard aussi. J'ai emmené Alec Majerus et Simon Bannerot au Volcom Igloo à Brighton dans l'Utah pour traîner et rider avec l'équipe de snowboard. Je n'étais censé être là que pour une semaine mais Seth Huot m'a informé à mon arrivée que le photographe de snowboard qu'il avait engagé pour le mois devait se faire opérer et m'a suggéré de rester et de shooter à la place. Avec rien sur le calendrier, j'ai pensé que j'allais essayer et j'ai fini par rester là-bas pendant la majeure partie de la saison pour filmer l'équipe de snowboard. Ça m'a vraiment donné envie de shooter à nouveau. Pas parce que j'étais tanné du skate, mais plus parce que c'était quelque chose de nouveau et de frais. Comparé au skateboard, il n'y a pas beaucoup de différence d'un point de vue technique, mais faire de la randonnée en montagne avec tout l'équipement photo et descendre avec était une toute nouvelle expérience. Je ne suis pas très doué en snowboard, donc participer à rider dans l'arrière-pays avec un tas de matériel photo sur le dos était définitivement une expérience éprouvante. Le premier jour du voyage, une petite session de demi-lune a commencé avec les snowboarders Scott Blum, Mike Rav et quelques autres, alors naturellement, je me suis posté sur le lip où je pensais qu'ils décolleraient avec mon fisheye et j'ai immédiatement réalisé que les snowboards en général sont beaucoup plus gros qu'un skateboard et les snowboarders vont beaucoup plus haut aussi! Après quelques photos de Blum sortant du cadre, j'ai compris comment me setter. Au bout du compte, j'aime les deux sports, mais c'est clair que l'arrière-pays, c'est plus beau que l'arrière d'une épicerie haha.

Emmènes-nous dans la van avec l'équipe Volcom! À quoi ressemblent vos missions quotidiennes lorsque vous n'êtes pas en voyage? Je porte plusieurs chapeaux chez Volcom, donc quand je ne suis pas en voyage, je m'occupe généralement de tous les trucs ennuyeux comme envoyer des packages, envoyer des factures, m'assurer que les riders sont payés, courir tous les médias sociaux, les séances photo non liées au skateboard et la planification des prochains voyages. Il y a toujours des missions aléatoires où nous avons besoin de quelque chose pour une publicité ou le site Web, donc ça dépend simplement du besoin. Honnêtement, ce n'est pas très différent d'être dans la camionnette lors d'un voyage, on a juste une meilleure idée de l'endroit où l'on est et des spots. La plupart du temps, je vais juste entrer en contact avec le rider que je veux shoot pour planifier une mission, le rencontrer au spot avec un filmeur et essayer de prendre une photo. Tout le monde est super, alors j'essaie de prendre en compte l'emploi du temps de chacun.

Au cours de tes années à photographier certains des meilleurs skater de l'industrie, tu as certainement été témoin d'une énorme quantité de trucs insensés. Quel est le truc le plus fou que tu as vu en live? (Snowboard et skateboard) Il y a eu tellement de trucs époustouflants. L'un de mes premiers vrais voyages de skate a été l'une des dernières missions de tournage pour le vidéo Holy Stokes! et je me souviens avoir roulé jusqu'à un rail dans l'Oklahoma et avoir allumé les lumière et la génératrice pour regarder Alex Midler et Axel Cruysberghs détruire le tout. C'était définitivement la première session dont je me souviens avoir été comme: « wow ! Je n'arrive pas à croire que je viens d'être témoin de ça!». Il y a quelques années, nous tournions une sorte de documentaire avec Volcom pour Grant Taylor, "Down South in Hell : 20 Years of GT". Nous avons invité un groupe de ses amis à faire un voyage à NorCal et l'un des jours était une mission au Glory Hole, qui est un énorme tuyau plein de plus de 20 pieds où l'on doit se rendre en kayak. Avant même que je puisse comprendre comment le filmer, Grant a fait le ollie frontside le plus fou dans le tuyau et tout le monde avec une caméra l'a raté haha! C'était certainement l'une des choses les plus folles que j'ai vues sur un skateboard. Il y avait aussi ce bump to bar MASSIF à Nashville que Chris Pfanner a skaté, c'était dans le montage du vidéo "RV Rampage". Au début, je ne pensais pas que c'était possible, mais il l'a réussi au troisième essai! En ce qui concerne le snowboard, comme je l'ai dit, la saison dernière était à peu près ma première saison de tournage, mais regarder l'approche des snowboarders sur les spots de rue par rapport aux skaters est insensé. Je me souviens de m'être présenté au célèbre "rail JLA" à Big Bear et de m'être dit "alors C'est ce que vous faites pendant vos?". Les snowboarders Benny Milam et Lenny Mazzoti ont fait des trucs complètement fous qui sortiront l'année prochaine. Regarder Scott Blum faire des 720's en tee-shirt dans l'arrière-pays de Brighton était assez fou aussi!

Sur une autre note, tu as récemment publié un livre photo décrivant les manifestations BLM de 2020 dans le sud de la Californie. Qu'est-ce qui t'as motiver à sortir et à documenter cet événement historique? C'était une période étrange pour tout le monde. On aurait dit que tout le monde devenait un peu fou à cause des restrictions du COVID, puis l'histoire de George Floyd est arrivée et la situation a en quelque sorte éclatée. Personnellement, j'utilisais ce temps comme une sorte de réinitialisation. J'ai été licencié de Volcom pendant quelques mois, alors j'essayais vraiment de comprendre ce que je voulais faire. J'ai commencé à trouver des concerts en freelance et j'ai presque suivi cette voie à plein temps jusqu'à ce que Volcom me demande de revenir. Mais pendant ce temps, j'ai aussi essayé de redécouvrir ce que j'aimerais photographier d'autre en dehors des sports d'action. J'ai commencé à filmer une grande partie des effets des blocages du COVID, comme des rues vides, des trottoirs de bois, des étagères vides sur le marché, etc. Puis George Floyd est arrivé et je me suis senti tellement inutile de regarder ça se dérouler à la télévision et sur Internet que j'ai décidé de m'impliquer et de participer aux manifestations. J'ai assisté aux manifestations parce que je voulais être du bon côté de l'histoire et je voulais au moins que ma voix soit entendue avec des millions d'autres. Documenter n'a jamais été mon intention initiale. Si quelque chose était naturel, j'avais une caméra sur moi mais je ne suis pas allé aux manifestations dans le seul but de les documenter, cela a juste commencé à se produire. L'une des principales raisons pour lesquelles j'ai commencé à les documenter était que je pouvais sentir la gravité de la situation, que c'était une période très polarisante et révélatrice pour notre société et, à tout le moins, je voulais montrer ma perspective d'assister aux manifestations pour les générations futures. Je pense avoir assisté à peut-être une douzaine de manifestations et documenté peut-être 7 d'entre elles, la dernière était celle "Roll For Rights" à San Diego où littéralement des milliers de skaters ont traversé le centre-ville de San Diego et c'était de loin l'un des rassemblements les plus fous auxquels j'aie jamais participé. À la fin, j'ai pensé que j'avais un travail tellement solide que je voulais le mettre à imprimer pour le partager. J'ai mis en page le zine / livre, acheté une imprimante, imprimé et relié 50 exemplaires dans ma chambre et les ai vendus via mes comptes sociaux et mon site Web. Quand ils ont tous été vendus, j'ai fait don de tout l'argent au NAACP Legal Defence Fund. Je sais que c'était une petite goutte dans le seau, mais ça faisait du bien de faire quelque chose plutôt que de regarder de loin. Plus tard, on a demandé au livre de faire partie de la "Bibliothèque des livres rares et des manuscrits" de l'Ohio State Universities, donc c'était un immense honneur et un succès de documenter mon point de vue pendant cette période. Pat Field, le concepteur principal de vêtements d'extérieur Volcom, l'a également vu et a même inclus quelques-unes des photos dans l'uniforme olympique de l'équipe américaine de snowboard, ce qui était plutôt cool aussi. Encore une fois, ma seule intention était de montrer ce que j'ai documenté à cette époque pour les générations futures, tout le reste n'était qu'un bonus.

Quelle est la prochaine étape pour Daniel Cabral? Des voyages, des spectacles, des livres ou des projets en cours dont nous devrions être au courant? Un peu de tout vraiment, je viens juste de sortir d'un voyage à la maison d'Alec Majerus dans le Minnesota qui était super amusant. Hit Copenhagen plus tôt cette année suivi d'une semaine à New York, donc ça a été plutôt occupé. Essayer de remettre le bus Volcom Wanderlodge sur la route pour repartir pour un autre voyage avec l'équipe. Le département de surf a quelque chose qui mijote sur la côte est et la saison des neiges arrive vite, donc il n'y a jamais de pénurie de choses à faire. Je n'ai pas vraiment fait d'expositions, j'aimerais faire des expositions de photos à l'avenir, je n'ai tout simplement pas ces relations. Mon anniversaire de 10 ans chez Volcom approche aussi, j'ai pensé que ce serait cool de faire un livre ou quelque chose compilant toutes mes photos préférées et les histoires derrière elles, mais cela semble être une tâche tellement ardue, c'est un peu écrasant ! En dehors de cela, il suffit de garder le cap sur le cycle sans fin des produits Volcom, ce que je ferai dans un proche avenir, c'est sûr !

Merci Daniel pour ton temps et tes histoires épiques. Toujours hyped de voir du contenu Volcom!

MAGASINEZ VOLCOM →